01.09.2017 • Charente Libre (Франция)

ElenaPress

Patricia Kaas la chanteuse tragédienne débarque à Barbezieux

Patricia Kaas débarque à la foire-exposition de Barbezieux au coeur d’une tournée internationale avec un nouveau spectacle et un nouvel album. Rendez-vous ce dimanche à 18h30.

Patricia Kaas fait escale à Barbezieux ce dimanche, au milieu de sa tournée internationale. Benjamine des artistes invités, elle chantera ses titres les plus connus, mais aussi les chansons de son dernier album, intitulé “Patricia Kaas”. L’artiste y aborde des thèmes lourds comme l’homophobie, l’inceste, les femmes battues, avec la complicité de nouveaux auteurs-compositeurs.

Vous avez révélé dans les médias avoir été victime d’un burn-out. Comment remonte-t-on la pente?
Patricia Kaas. Oui, j’en avais parlé. Les gens ont parfois l’impression que lorsque l’on a une certaine notoriété, tout va bien… Le burn-out a pris beaucoup d’ampleur dans les médias. Mais je me suis fait aider. Cela faisait trente ans que j’enchaînais les tournées et les spectacles. C’était aussi une accumulation de choses et le décès de mes parents, quand j’étais jeune. J’ai essayé de repousser cette réalité à travers la musique. Mais il faut faire son deuil, sinon un jour il te tombe sur la gueule. C’est ça que j’ai appris. Mais beaucoup de choses positives sont sorties de ce burn-out. Aujourd’hui, j’ai plus confiance en moi. Je n’ai plus rien à prouver. J’ai l’impression d’avoir pris un nouveau départ dans ma vie de femme. Cela se reflète dans mon dernier album sur le choix des chansons, les thèmes, la façon de les chanter.

Vous avez sorti votre premier album original depuis longtemps. C’était le temps nécessaire.
Avec l’album “Cabaret”, j’avais envie de quelque chose de différent. Ensuite, il y a eu beaucoup de tournées. Et puis l’album Piaf pour les 50 ans de sa mort. Cela faisait 13 ans que je n’avais pas sorti d’album avec mes chansons, mais treize années très chargées.

Pas mal de nouvelles plumes y ont participé. C’était une volonté de vous ouvrir à d’autres univers?
C’était pas forcément voulu. J’avais dit à Bertrand Lamblot, le directeur artistique de Warner, que je ne voulais pas savoir qui étaient les auteurs-compositeurs, pour ne pas être influencée. Je voulais être touchée par la chanson, mais j’avais aussi des envies de travailler avec Arno. Ça faisait dix ans que je lui demandais. Et puis il y a eu Hyphen Hyphen, une belle surprise pour moi, parce qu’ils ont une belle énergie et que je les aimais bien.

Plusieurs chansons parlent de vous, de vos souffrances. Vous semblez vous être fortement impliquée dans cet album.
Avec ces années qui passent, on a des choses différentes à dire. Si l’on m’avait proposé une chanson qui parle de l’inceste y a cinq ans, je ne l’aurais peut être pas chantée. Là, la question ne s’est pas posée. J’ai adoré la chanson. Ce n’est pas une question de courage. Ce sont des sujets qui restent trop souvent derrière la porte. Et quand j’ai lu cette chanson, je me suis dit “Ouaouh!”

Vous abordez des sujets sur les femmes battues ou l’homophobie, c’étaient également des causes à défendre?
Souvent, les femmes battues ont peur d’être moquées, peur de ce qui se passe après. Il faut pouvoir en parler. Comme dans la chanson “Le refuge” qui évoque ce lieu d’accueil pour les jeunes homosexuels. J’ai connu cet endroit grâce à Jennifer. Je trouve incroyable que de nos jours, des familles rejettent les enfants parce qu’ils sont homosexuels.

Vous parlez des femmes battues et de celles qui doivent se battre. Vous-même vous avez toujours dû vous battre pour être toujours là?
Oui, sans doute. Mais en fait ce n’était pas un choix de départ et à l’arrivée, c’est un album assez féministe. Je parle aussi de mon expérience. Par exemple avec la chanson “Adèle” [sorte de dialogue entre une mère et sa fille, NDLR]. Elle me touche parce que j’aurais aimé avoir cette maman qui m’accompagne. Il y a aussi “La langue que je parle”. Quand je suis arrivée à Paris depuis Forbach, on se moquait de moi avec mon accent bringuebalant et mon vocabulaire. Aujourd’hui, on apprend mes textes à l’école, y compris à l’étranger. Tu vois, j’existe.

Parfois on vous reproche de choisir des thèmes douloureux comme si vous étiez une tragédienne de la chanson.
Moi, ma vie n’a pas été toujours été facile. J’ai perdu mes parents, mon frère. J’ai eu des choses difficiles dans ma vie. Mais qu’est-ce qui t’apprend la vie, ce sont souvent ces moments-là. Ces côtés sombres me touchent plus, parce qu’ils font partie de ma vie. Chanter du joyeux, comme “Madame tout le monde”, je sais le faire aussi.

Vous allez venir à Barbezieux dans une foire-expo pour un concert en extérieur. Vous aimez toutes sortes de lieu?
Ça dépend du spectacle. Pour chanter Piaf, je préférais des lieux plus intimistes. La, c’est un vrai spectacle où il y a beaucoup d’énergie. Je reprends bien sûr les anciennes chansons. On dit toujours que c’est un peu casse-gueule car les arrangements ont été refaits. Mais je ne peux pas chanter “Mon mec à moi” comme il y a 20 ans. Quand on sera à Barbezieux, on aura fait une centaine de concerts. C’est bien rodé, le public accroche. Et moi j’accroche avec le public.

Patricia Kaas, ce dimanche à 18h30 à la foire-expo de Barbezieux. Entrée: 6€ (foire et spectacle).

Источник:
Charente Libre