Интервью для RFI Musique

ElenaPress

L’hommage de Patricia Kaas à Edith Piaf

Nouvel album, Kaas chante Piaf

A la veille du cinquantenaire de la disparition d’Edith Piaf, Patricia Kaas inaugure la longue liste des célébrations à venir avec Kaas chante Piaf, un album hommage enregistré avec le Royal Philarmonic Orchestra de Londres sous la direction d’Abel Korzeniowski, avant de consacrer à la Môme tout un spectacle sur scène.

RFI Musique : Est-ce la première fois que vous enregistrez un hommage tel que celui-là ?
Patricia Kaas : J’avais rendu hommage aux femmes des années 30 avec Kabaret. Un hommage comme Piaf, oui, c’est la première fois parce que ce n’est pas facile. J’en aurais peut-être eu le courage avant, mais pas assez confiance en moi pour le faire. Chanter une chanson d’Edith Piaf dans un spectacle, c’est une chose, mais plus de vingt chansons sur scène…

Que représente-t-elle pour vous ?
Quand j’ai commencé à chanter, il était incontournable d’avoir une chanson de Piaf dans son répertoire du samedi soir. Après on m’a comparée à elle, alors j’ai voulu comprendre… Effectivement il y a une émotion parce qu’il y a du vécu, et parce que je connais aussi cette douleur de perdre quelqu’un qu’on aime, la souffrance, ou les déceptions. Pas autant à l’extrême qu’elle, évidemment, car elle a toujours tout vécu dans l’extrême. Je suis beaucoup plus disciplinée ! C’est mon côté un peu allemand, peut-être, plus rangé. En même temps, tant mieux, parce que quand elle est partie, elle avait 47 ans, et c’est l’âge que j’aurai quand je vais l’interpréter.

Les arrangements, d’une intensité cinématographique incroyable, sont signés du compositeur hollywoodien Abel Korzeniowski. Comment vous est venue l’idée de vous adresser à lui ?
Je voyais cet hommage en grand car je me suis dit que la vie d’Edith Piaf était un film. D’ailleurs, il y en a eu, entre Olivier Dahan et Claude Lelouch (ndlr : respectivement La Môme et Edith et Marcel). J’imaginais un grand orchestre, je n’avais pas envie de faire quelque chose d’acoustique. On m’a offert le DVD de Single man, de Tom Ford, un film pour lequel Abel Korzeniowski avait composé la musique. La dramaturgie et l’émotion qui s’en dégageaient, étaient pour moi les mêmes que Piaf. Il avait par ailleurs, cette modernité dans sa façon de composer et d’écrire les cordes. Après je ne savais pas s’il accepterait de le faire… Nous n’avons pas les mêmes budgets qu’à Hollywood ! Mais il a été touché par le projet, et a réussi à ramener ces rues des années 30, 40 ou 50, dans les rues d’aujourd’hui.

Comment avez-vous choisi les morceaux ?
Ça a été difficile, il y a plus de 430 chansons ! J’ai passé plus vite la période “fanions”, que j’aimais moins. Il y avait bien sûr les chansons évidentes, puis je me suis rendue compte qu’il y avait des merveilles, des textes complètement liés à ce qu’elle disait, à ce que j’ai pu lire sur elle… J’ai découvert des titres comme T’es beau tu sais et La belle histoire d’amour. Pour l’anecdote, Serge Lama, m’a demandé si j’avais choisi Avec ce soleil. Je ne la connaissais pas, je l’ai écoutée et c’est devenu l’une de mes chansons préférées. J’ai effectué ma sélection en fonction de ce que les gens connaissent et de ce qui me touchait le plus. Il y en a qui ne sont pas sur l’album mais dans le spectacle, comme Les blouses blanches. C’est un parti pris parce qu’elle a aussi fait du théâtre, Jean Cocteau lui avait écrit sa pièce, Le bel indifférent. Je voulais également lui rendre cet hommage-là.

Dans le spectacle, vous avez prévu la projection d’images inédites, et de la danse aussi…
Piaf est présente pendant tout le spectacle, c’était important. On entend Cocteau parler d’elle, à un moment on l’entend chanter, elle est là, sur scène, mais pas dans le sens où elle est derrière moi quand je chante. Je n’avais pas envie de ce côté un peu cliché. C’était aussi important à mes yeux d’amener un peu de contemporain, d’urbain dans mon spectacle. Il y a un danseur hip hop, dans une chorégraphie un peu poétique qui rappelle le mime, qui intervient pendant mon interprétation de La vie en rose.

De la pochette du disque à la façon dont le spectacle est abordé, tout a été pensé pour éviter l’identification…
Pour la pochette, c’est vrai qu’on a toujours une idée derrière la tête : la partie qui représente le plus mon physique, c’est mon regard, et je voulais cacher ça pour dire : “je chante Piaf”. Pour le spectacle, on s’est dit que les gens allaient sans doute demander une chanson de moi. Mais c’est un hommage à Piaf, je ne veux pas, ce serait mal placé. Et en même temps, il y a du Kaas pendant plus de vingt chansons : je ne vole pas les émotions de Piaf, je les vis à ma façon. Je donne tout ce que j’ai pu vivre dans ma vie personnelle et ce que j’ai pu apprendre dans ma vie professionnelle, des moments durs aux moments de joie. On peut chanter Piaf à vingt ans. Mais avoir une expérience de vie dans laquelle en plus on a vécu des drames, rend l’interprétation de certaines chansons plus facile. Je n’ai pas besoin de chercher les émotions, j’utilise celles qui me nourrissent, et nourrissent aussi mes propres chansons.

Quelle image gardez-vous d’Edith Piaf ?
Il n’y a pas un pays, pas le moindre petit bled dans le monde entier où les gens ne savent pas qui elle est. Elle fait partie du patrimoine français, elle représente la chanson de l’époque traditionnelle française. Elle est en même temps un peu blues, un peu rock pour certains, selon les époques. Mais c’est surtout le caractère d’une petite bonne femme qui y est allée, et qui y est allée jusqu’à la mort, parce qu’elle s’est usée, avec force et générosité.

En spectacle au Trianon à Paris le 15 novembre 2012, à l’Olympia du 26 février au 2 mars 2013.

Источник:
RFI Musique