28.01.2017 • Le Bien Public – Dijon (Франция)

ElenaPress

« Un nouveau départ » dans la vie de Patricia Kaas

Dix ans se sont écoulés depuis son dernier album studio : avec l’opus Patricia Kaas , l’artiste tourne une nouvelle page de sa carrière et prend la route d’une grande tournée – plus de 175 dates – à la rencontre de son public.

Votre album s’est construit grâce à la sélection de chansons écrites par de nombreux artistes. Vous connaissaient-ils personnellement ?

« Ce qui était important pour moi, c’était de choisir des chansons sans savoir qui étaient leurs auteurs et compositeurs. Je voulais un album de variété élégant, et au début c’était une sorte de blind-test. Après, bien sûr, il y avait des envies. Ça faisait dix ans que je demandais une chanson à Arno, donc enfin il m’a écrit Marre de mon amant ! Il y a aussi des surprises, car j’adore le groupe Hyphen Hyphen, et mon directeur artistique Bertrand Lamblot m’a dit les avoir rencontrés et qu’ils voulaient m’écrire une chanson. »

Le public pourrait penser qu’ Adèle est la chanson qui vous ressemble le plus : « Ce sera deux fois plus dur que les autres/mais deux fois plus forte tu l’es ». Qu’en dites-vous ?

« J’adore Adèle. Ben Mazué avait écrit le texte Sans nous , et j’aime beaucoup son écriture. On a déjeuné ensemble, et 48 heures après est née Adèle. Dans cette chanson, je donne un conseil à une jeune ado, parce que je me suis battue dans la vie et je sais que c’est plus difficile pour une femme, mais aussi parce que j’aurais tant aimé être cette Adèle qu’on prend par la main et qu’on accompagne dans la vie ! »

L’album aborde des thèmes très forts, est-ce un hasard d’y retrouver ensemble inceste, femmes battues, deuil, homosexualité ?

« C’est d’abord un hasard, car certaines chansons sont des cadeaux, comme celle de l’inceste, La Maison en bord de mer ; c’est non seulement une bonne chanson, mais aussi un message qu’on m’entend porter. Le Refuge , par exemple, c’était une commande. J’en avais entendu parler par Jenifer, et j’étais très surprise que de nos jours, en 2017, il y ait encore des familles, des parents qui rejettent leurs enfants parce qu’ils aiment le même sexe que le leur. On vit dans un monde qui est censé avancer et j’ai l’impression que sur certains points on fait marche arrière. À part celle-là, les autres sont venues vers moi. J’ai un état d’esprit différent, j’ai une espèce de nouveau départ dans ma vie de femme et ça se reflète forcément sur le choix de certains textes et même sur mon interprétation. Surtout ça enlève énormément de barrières : à aucun moment je n’ai pensé que je ne pouvais pas chanter telle ou telle chanson, au contraire. »

« Je suis bien dans ma peau »

Vous parlez d’une sorte de renaissance après une période difficile…

(Elle interrompt) « Elle n’était pas aussi difficile que ce qu’on lit partout, genre wahou pendant deux ans au fond du gouffre, non, j’ai eu un burn-out et ça a duré six mois. Je suis quelqu’un qui est vraiment dans la construction, je me suis battue et très vite je me suis sortie de là. Mais j’aurais aimé avoir ce burn-out il y a dix ans, parce que ça m’a ouvert les yeux sur plein de choses et surtout sur moi-même, parce que j’étais tellement autocritique, dure avec moi, perfectionniste, que là ça me change la vie. Ça fait beaucoup de bien ! »

Paradoxalement, alors que vous dites être différente, les fans de votre album vous y retrouvent comme à vos débuts. Comment l’expliquez-vous ?

« Certaines chansons sont un pont entre ce qu’on a connu, comme Madame Tout le monde , et la femme que je suis aujourd’hui. J’ai quand même trente ans de plus ! Faire un album comme il y a vingt ou trente ans, je n’aurais pas pu. J’ai changé. Mais les gens qui disent cela retrouvent sur ces chansons l’authenticité, la force que j’ai toujours eue. Et sur scène, je retourne dans mon répertoire avec plaisir, mais avec de fabuleux arrangements signés Fred Helbert. Ce qui est compliqué, quand tu as trente ans de carrière, c’est de réussir à conjuguer ce que les gens attendent de toi, ce qu’ils connaissent de toi, ce qui te va, et ce que tu écoutes toi-même. Ce n’est pas évident. »

Sur scène, comment cela se passe-t-il ?

« Il y a bien sûr toutes ces chansons que le public connaît, et bien sûr j’avais envie de leur faire connaître certaines de mon nouvel album, de leur donner cette vie de scène. Et puis les années font que je suis bien dans ma tête, dans ma peau, donc je fonce, et tant mieux. »

Propos recueillis par Mayalen Gauthier

Источники:
Le Bien Public
Patricia Kaas Collection Presse Media TV